C'est à partir la constatation de ces disparités que le concours prend sa source. Le présupposé n'est pas qu'une nationalité particulière génère tel génie graphique plus qu'une autre, mais qu'un espace et un temps différent engendrent une manière de percevoir différente. On appellera cette manière de percevoir « culture », et c'est au travers que chaque groupe ou individu perçoit le monde. Il est cependant difficile de cerner « culture » car plus on s'approche du concept, plus il éclate en morceaux. La culture d'un groupe est composée des cultures des sous-groupes qui le composent, à l'infini. Par exemple, la culture « nord pas de calais », même si on arrive à peu près à la concevoir, est très loin d'être uniforme. Qu'on s'en approche, elle éclate dans la multitude des groupes qui la constituent. 

Quand à l'affiche de cinéma, pratique hétéronome attachée au commanditaire qui la rend possible, elle s’inscrit dans un système naturel d’interdépendances économiques et de connivences culturelles qui sont au principe des ajustements entre les goûts des producteurs et des publics. Ces ajustements amènenent des interprétations de films et les mettent en œuvre à leur manière. En jouant sur les deux paramètres, culturel et commanditaire, on met en place un dispositif de mise en valeur des capacités d'interprétations graphiques de plasticiens. Du côté commanditaire, on met en avant une liste de 15 films marquants ayant été diffusés au kino-ciné depuis sa création. Ainsi, on rend à la fois un hommage au lieu de diffusion, mais on engendre également une promotion à re-découvrir des films. Du côté culturel, on fait appel à des plasticiens ayant déjà une pratique définie. Ce bagage est déjà un élément formant de perception et d'interprétation. En cela le projet a une dimension inter-culturelle. C'est autour de l'image et de sa grammaire que tout va se créer.